Le syndrome métabolique est un ensemble de conditions humaines comprenant l’obésité abdominale, l’hypertension, la dyslipidémie et l’hyperglycémie, qui sont toutes des facteurs de risque du diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires et de la maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique.  
 
Toutes ces maladies constituent un problème de santé publique mondial avec une augmentation de fréquence très importante associée à l’adoption du mode de vie occidental moderne. Le régime alimentaire est un facteur de risque bien connu du MetS, mais d’autres changements liés au mode de vie occidental moderne pourraient également contribuer au syndrome métabolique. Nous avons ainsi émis l’hypothèse que la disparition des amibes commensales résidant dans nos intestins depuis toujours puisse participer à l’émergence du MetS en association avec les changements alimentaires. 
 
Pour tester cette hypothèse chez l’animal, des souris ont été nourries avec un régime riche en graisses ou un régime normal et ont été colonisés ou non avec Entamoeba muris, une amibe commensale. 70 jours après l’inoculation, le microbiote cæcal et la composition des acides biliaires ont été analysés par séquençage à haut débit de l’ADNr 16S et par spectrométrie de masse respectivement. Les concentrations de cytokines ont été mesurées dans l’intestin, le foie et la graisse mésentérique à la recherche d’une inflammation de bas grade. L’impact du régime riche en graisse sur le dysfonctionnement métabolique du foie a été exploré par la coloration Oil Red O, les concentrations de triglycérides et de cholestérol et l’expression des gènes impliqués dans la beta-oxydation et la lipogenèse.
 
La colonisation par E. muris a eu un impact bénéfique, avec une réduction de la dysbiose, des niveaux inférieurs d’acides biliaires secondaires fécaux et une amélioration de la stéatose hépatique, ce qui plaide en faveur d’un rôle protecteur des amibes commensales dans le syndrome métabolique et plus spécifiquement dans la maladie hépatique associée au régime riche en graisses.
 
Ce travail vient compléter une publication récente dans la revue « Cell »  montrant que la présence d’un autre protozoaire (Blastocystis hominis) dans l’intestin était associée à une moindre fréquence du syndrome métabolique chez l’homme (https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0092867424006925).
Il semble donc que le microbiote eucaryote puisse jouer un rôle protecteur dans l’adaptation métabolique au régime occidental moderne.
 
 
 

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