Les lactobacillaceae pourraient contribuer à l’hyperphagie observée dans le syndrome de grêle court : une perspective pour des approches thérapeutiques basées sur la transplantation de microbiote simple ou complexe ?

Le syndrome de grêle court (SGC), résulte d’une résection étendue de l’intestin grêle et représente la principale cause d’insuffisance intestinale chronique. Les patients atteints de SGC développent spontanément une hyperplasie intestinale, une hyperphagie et une modification du microbiote intestinal. Ces adaptations contribuent à diminuer leur dépendance à la nutrition parentérale qui est le traitement de référence, et par conséquent à l’amélioration de leur pronostic et qualité de vie. Chez ces patients, la préservation du côlon joue un rôle crucial dans la récupération énergétique grâce à la fermentation des aliments non digérés par le microbiote intestinal.

Dans leur article publié dans Frontiers in Cellular and Infection Microbiology (3 mars 2023), Salma Fourati et Johanne Le Beyec de l’équipe de recherche PIMS, dirigée par M. Le Gall & A. Bado, en collaboration avec des membres de l’équipe de JP Hugot, ont évalué la faisabilité et l’efficacité de la Transplantation de Microbiote Fécal (TMF) sur des rats SGC avec anastomose jéjuno-colique.

Le microbiote transplanté était issu de fèces de rats soumis à un régime obésogène (favorisant un microbiote efficace pour la récupération énergétique). L’analyse du microbiote après la transplantation a montré que les bactéries inoculées se sont implantées chez les rats contrôles mais pas chez les rats SGC. Ceci peut être expliqué par l’environnement luminal spécifique dans le côlon des sujets SGC (plus riche en oxygène, pH plus faible, etc.) favorisant les bactéries aéro‐tolérantes par rapport aux bactéries anaérobies transplantées. La TMF n’a pas eu d’impact sur le poids ou la prise alimentaire dans le groupe contrôle ni dans le groupe de rats SGC. Par contre cette étude a permis de mettre en évidence pour la première fois dans un modèle animal la mise en place d’une hyperphagie, comme observé chez les patients. En effet, les rats SGC ont doublé leur prise alimentaire par rapport aux rats contrôles et cette prise alimentaire est positivement corrélée à l’abondance des Lactobacillaceae présents dans leur microbiote, suggérant un rôle potentiel de cette famille bactérienne dans l’adaptation du comportement alimentaire.

Les signaux issus du microbiote semblent contribuer à la mise en place des mécanismes d’adaptation au cours du SGC dont l’hyperphagie. Une thérapeutique basée sur une transplantation de microbiote pourrait donc être intéressante si ce dernier contient des souches de lactobacilles adaptées à l’environnement particulier du SGC. L’équipe s’attache maintenant à identifier et tester les meilleures souches à utiliser.

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