L’appendice assure un allongement de la longévité chez les mammifères qui en sont dotés

L’appendice cæcal ou plus communément appelé l’appendice était considéré au moins depuis les travaux de Charles Darwin comme une structure vestigiale, inutile sinon dangereuse en raison du risque de son inflammation constaté chez l’Homme pouvant conduire jusqu’au décès en l’absence de traitement. Des recherches récentes ont remis en cause cette idée en démontrant que l’appendice est apparu pour la première fois chez les mammifères il y a au moins 80 millions d’années et a fait des apparitions multiples et indépendantes sans corrélation évidente avec le régime alimentaire, la vie sociale, l’écologie ou la taille du cæcum. Déjà depuis Charles Darwin, nous savions qu’Homo sapiens n’était pas le seul mammifère à posséder un appendice et progressivement, au fur et à mesure des dissections anatomiques, les données se sont précisées. Nous savons aujourd’hui que des espèces aussi diverses que l’Orang-Outan, le Koala, le Lamentin, le Castor ou encore l’Ornithorynque sont toutes dotées de cette intrigante structure anatomique. Cependant, les fonctions conférées par l’appendice restent encore énigmatiques.

Au cours de notre étude, nous avons découvert, en analysant les données de 258 espèces de mammifères dont 39 avec et 219 sans appendice, que la présence de cette structure anatomique est corrélée à un allongement de longévité maximale observée pour l’espèce, indépendamment du poids de la covariance évolutive. Il s’agit de la première démonstration de l’existence d’une corrélation entre la présence de l’appendice et un trait de l’histoire de vie des mammifères. Pour pouvoir interpréter ce résultat, il est intéressant de noter que la théorie de l’évolution du vieillissement dite de Williams prédit une augmentation de la longévité d’une espèce lorsque sa mortalité extrinsèque (prédation, infections, maladies….) est diminuée.

Cette théorie a été remise en question à diverses reprises, mais des études comparatives récentes ont confirmé sa validité dans les taxons qui connaissent une mortalité dépendante de l’âge et de la densité, comme les mammifères. Ainsi, l’appendice doit contribuer à l’augmentation de la longévité par une réduction de la mortalité extrinsèque définie comme la mortalité subie directement par des causes extérieure à l’organisme. Par sa forme et sa composition, l’appendice serait un sanctuaire bactérien sélectif qui permettrait de diminuer la mortalité par diarrhée infectieuse en favorisant la recolonisation rapides et sélectives des espèces bactériennes essentielles à l’hôte.

Cette hypothèse est l’une des hypothèses les plus plausibles expliquant la diminution de la mortalité extrinsèque et donc l’allongement de la longévité chez les mammifères avec un appendice. Cependant, d’autres hypothèses coexistent quant aux fonctions possibles de l’appendice, et nos résultats apportent une aide précieuse pour répondre à cette question controversée de la fonction de l’appendice. De plus, nous montrons que l’appendice est apparu au moins 16 fois et n’a été perdu qu’une seule fois au cours de l’histoire évolutive des mammifères, une asymétrie évolutive très en faveur du gain qui valide l’idée que l’appendice confère par sa fonction un avantage sélectif positif conséquent au regard des lois de la sélection naturelle.

 

Publication : 

The cecal appendix is correlated with greater maximal longevity in mammals

Maxime K. Collard, Jérémie Bardin, Michel Laurin & Eric Ogier-Denis

 

La presse en parle :

Presse Inserm

Le Monde 

Le Figaro 

France Info 

L’express 

France Inter 

Science et Avenir 

Science et Vie 

Pourquoi docteur